Hello V/,
J’ai du mal à ouvrir un ordinateur hors des longues heures de boulot en ce moment, ce qui décale imperceptiblement nos bonbons du lundi… Et je suis encore dans un train.
Je ne comprends toujours pas ce qu’il se passe quand je me mets à t’écrire, ça n’est jamais ce que j’ai pensé qui vient. Aujourd’hui j’avais envie de partager avec toi quelque chose qui fait du bien, et pas mon humeur du moment. Et ce qui vient, c’est que je te parle encore de mon café du coin !
Un café du coin, c’est presque chez soi mais c’est pas chez soi. C’est un café qui ne demande pas d’effort psychologique (ou physiques !) pour y aller, il est pas loin, ou sur la route, peu importe la tête qu’il a c’est son emplacement en plein milieu de ta vie quotidienne qui le définit et pas “le fooding” ou “le bonbon” (NB : j’avais oublié ce magazine qui a déjà déposé ce nom )
Les tôliers c’est important aussi. Selon ta nature il faut les chaleureux qui accueillent, les blagueurs qui divertissent, les taiseux qui respectent… Certains savent quand faire quoi et là ça peut devenir un vrai café du coin. Je ne sais pas si ces gens là se doutent de la place qu’il tiennent dans ta vie, toi qui ne fait que passer chez eux.
Les autres clients aussi c’est important, ils ne doivent pas te ressembler non. Mais ils doivent te permettre d’être là toute seule en étant bien. Bon, pas forcément la première fois, mais au bout de quelques fois, quand ils se sont habitués à toi, ne te fixent plus, te saluent de loin ou de près, te laissent la place que t’aimes…
Un comptoir ou tu peux t’asseoir, ou les tasses et les bock claquent, et qui est froid sous tes coudes. Un vrai, ou le café est deux fois moins cher qu’à table.
Et le reste c’est du plus, c’est le fait que tu puisses grignoter, te connecter… A l’occasion.
Le café du coin, on peut y aller le matin, parce que la perspective de sortir de chez soi pour voir des visages « habituels » et boire un café au comptoir est plus facile à envisager quand on ouvre l’œil que celle d’aller directement au métro ou au boulot (et le dodo est derrière nous donc…).
Quand « trop travailler rend malheureux », on peut y aller pour faire l’inverse de ce qui nous fait plonger : s’obliger à y passer le matin avant d’aller travailler, et arriver plus tard quand on voudrait arriver plus tôt. Y travailler quelques heures au lieu d’aller au bureau quand on a besoin de s’isoler. Y faire l’école buissonnière après un petit déjeuner ou un déjeuner pour se rendre compte qu’il y toujours du plaisir dans la procrastination !
Le soir, on peut y aller pour rendre le quotidien festif. Une invitation rapide, un verre impromptu, un moment où l’on sort sans avoir vraiment à faire l’effort de sortir. Avant de rentrer chez soi sans effort non plus.
On peut aussi , le soir, en faire un sas de décompression génial : un passage là pour laisser sa journée avant de rentrer. Laisser des humeurs qu’on n’a pas envie d’inviter chez soi. Y aller seule pour mieux retrouver ceux qui attendent à la maison, ou y aller à plusieurs pour mieux rentrer ensemble. On peut y discuter beaucoup, parler de la vie, lire les journaux, regarder un match, se poser là, ne rien faire, attendre, ne pas être seul, ou l’être au milieu d’autres.
Le week-end, c’est pas les mêmes gens c’est pas les mêmes heures. Le temps est plus long, plus étiré, et il y a toujours quelqu’un pour accueillir tes lendemains de soirée.
Et puis tu peux même y laisser tes clés, pour ta famille ou tes amis. Ou bien pour toi quand tu es à la rue parce que tu es parfois trop toi et dans ces cas là y a souci. Ou que Air France a perdu ton sac où elles étaient rangées, aussi…
Le café du coin c’est l’aventure au coin de la rue, c’est ton assurance hébergement, et c’est aussi un des seuls endroit sans engagement ! Pas de compte, pas d’attentes, pas d’habitudes, pas d’abonnement.
Et c’est là que j’aimerais bien te retrouver plus souvent, et surtout en ce moment.
Je t’embrasse.
F/.