Janvier c’est long, comme ce bonbon !

Chère V/,


C’est janvier ! Nous avons tous nos saisons, je ne sais pas ce que représente janvier pour toi. Est-ce que tu es en forme ? Est-ce que tu vois la vie en rose ?


Autour de moi, je sens que c’est plutôt mou. Certains vivent des choses très dures, comme si la trêve de Noël s’était arrêtée brutalement. D’autres sont sur de nouveaux départs, qui promettaient de l’énergie nouvelle, mais tout part au ralenti et c’est comme si les chevaux n’étaient pas “franchement lâchés”. D’autres vont très bien et sont dans une période enthousiaste, mais me disent qu’ils ont la sensation qu’il faut beaucoup d’efforts pour faire ce qui paraît pourtant simple. D’autres encore déroulent leur “winter action plan” préparé au moment où les jours raccourcissent, pour ne pas tomber dans la déprime en janvier.

De façon générale, j’ai la sensation que janvier est un mois où les énergies ne sont pas très circulantes, où l’excitation des fêtes retombe, où le temps pousse à se retrancher chez soi. Cette année, réalité ou excuse, s’ajoute à cela la lassitude de ces deux années de COVID où le “stop and go” a fatigué même les plus énergiques. Difficile donc de s’abreuver à la rivière commune, de compter sur l’extérieur pour se redynamiser, où de lancer des choses à la force du poignet. Note au passage, l’équinoxe de printemps serait un moment bien plus sympa pour commencer l’année !


De mon côté, janvier est toujours un mois de relâchement, presque de soulagement.
Comme prise par surprise tous les ans, après une période de trois mois de “rentrée” dynamiques, j’arrive fin décembre souvent épuisée. Je gère mal les 100 derniers mètres. A fortiori quand je suis en contact avec des groupes à animer, des personnes à coacher, des réunions de famille à organiser, je sens que j’ai des fuites. Mon énergie se donne sans contrôle et à trop haut débit par rapport au réservoir disponible.Ensuite arrivent les fêtes.

Je suis bête mais je me soigne : à force d’être surprise tous les ans, j’ai fini par trouver un rituel de fin d’années qui soigne (pas seule, donc j’ai beaucoup de gratitude pour mon mari et ma famille qui permettent cela). Des fêtes plus frugales en déplacements, en cadeaux et en nourriture (moins mais mieux). Des fêtes plus paisibles, en famille réduite. C’est le début du recentrage. Et enfin, quelques jours de retraite Bouddhiste à deux, forme un peu aménagée cette année car beaucoup de visio et pas de grands rassemblements, mais quand même un recentrage qui n’était pas du luxe.


En janvier ? Eh bien tous les ans en janvier, j’ai envie de me retirer, de profiter de me sentir à nouveau “juste bien”. L’énergie est toujours basse, mais l’orientation devient positive. L’encombrement intellectuel et émotionnel lourd de décembre font place à une petite clarté, minuscule mais très précieuse. L’angoisse du futur se tait, l’avenir s’ouvre, les journées rallongent. Il faut cultiver cela, patiemment, en retrait le plus possible, avant de revenir au monde. Souffler sur les braises. Cette année, cela se manifeste par des heures à lire et à creuser des sujets qui n’ont pas de lien avec ma subsistance ou mes obligations. Je retrouve la lenteur et le plaisir de croiser les sources pour affiner une info, un facétieux souci du détail et ma frénésie de maîtriser toutes les finesses d’un sujet et pas seulement ce qui est réellement utile (par exemple, les différents types de bonite qui servent à faire le bouillon dashi dans la cuisine Japonaise, j’affirme que ça n’est pas vraiment utile…). Bref, en termes MBTI je suis encore sur un fonctionnement “sur mon inférieure” et “en récupération”… mais bien orientée !


Au milieu du courant quotidien et de ses obligations, depuis un de ces petits moments de retrait, je clos ce bonbon long, que je t’envoie avec mes meilleurs vœux affectueux pour cette année.

Puisse janvier prendre soin de toi.


F/.

One thought on “Janvier c’est long, comme ce bonbon !”

  1. Salut F/ !

    Merci beaucoup pour ton bonbon et surtout pour la douceur qu’il dégage – je dirais même que la mollesse que tu évoques a du bon, et qu’à te lire elle me fait beaucoup de bien! D’autant plus que je vis depuis le début de l’année l’exact opposé que ce que tu décris dans ce bonbon… et je t’envie de vivre ce que tu vis!

    Je te fais grâce du récit dans le moindre détail des galères organisationnelles auxquelles nous avons dû faire face depuis le 3 janvier, tu les connais par coeur de par les médias et reportages en tout genre. Ce qui est sûr par contre, c’est qu’il faut le vivre pour le croire! Les files interminables devant les cahutes de tests devant les pharmacies, les enfants qui n’en peuvent plus d’attendre dans le froid pour se prendre un coton tige dans le nez une nième fois, les ateliers mille fois repoussés pour cause de “cas contact”, les grèves d’école inopinées, le manque de personnel pour conduire les enfants au centre de loisirs, et j’en passe.

    Tout ca m’a fait depuis 3 semaines entrer dans un tourbillon qui semble être sans fin. Je me sens sur le qui-vive en permanence, commençant une journée sans savoir comment elle va finir, sursautant à chaque mail venant de l’école intitulé “cas covid” ou “procédure covid”. Mon mental est fatigué, lassé, mais peine à décrocher quand arrive le soir. Je m’écroule, mais mon cerveau continue à turbiner, à organiser la journée du lendemain en arborescence (et si l’école m’appelle le matin, qu’est-ce que je peux décaler? Et s’il n’y a pas centre aéré mercredi, on fait comment? et si la grève d’école est reconduite la semaine prochaine, comment je m’organise)?

    Ce qui me sauve pour le moment, c’est le yoga, qui comme toujours m’est d’une aide incroyablement précieuse pour détendre le corps et l’esprit. Et aussi la lecture, que j’ai reprise de façon absolument boulimique après avoir fait le constat à Noël que je ne lisais plus que pour le boulot. Bref, je suis en mode survie.
    Heureusement, la perspective de notre week-end commun me donne un peu d’élan. Alors, même si c’est “seulement” dans 4 jours, on croise fort les doigts pour qu’aucun grain de sable n’apparaissent d’ici-là dans les rouages!

    Bises et à dimanche,

    V/.

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