No man’s land

Salut F/!


Je te sais sur le point de quitter ta famille pour t’en aller pour ta retraite habituelle de fin d’année… Comme je t’envie! Quelle chance et quel luxe c’est de pouvoir se retirer quelques jours de l’agitation après les fêtes de fin d’année – j’aurais exactement besoin de ça, en cette fin 2019.
J’ai toujours aimé Noël. Les bougies, les gâteaux à la cannelle, le marché de Noël, les cadeaux, les bons repas… Retrouver toute la famille et passer ces moments ensemble, dans le froid hivernal. La St Sylvestre est en revanche davantage un mauvais moment à passer : pour moi la couche-tôt, faire la fête à tout prix, s’amuser alors qu’on n’en a qu’à moitié envie, se mettre la pression d’une soirée réussie, cela n’a jamais vraiment été ma tasse de thé.


Et entre les deux… il y a ces journées un peu étranges que j’appelle le no man’s land. Ce temps dans lequel on ne se situe plus très bien (on est le 27 aujourd’hui? ou le 28? et quel jour de la semaine d’ailleurs?), où on se sent lourd et flasque de tous ces repas copieux et trop arrosés. Où on fait aussi un peu, parfois sans véritablement le vouloir, le bilan de son année et où on se projette un peu dans celle qui est à venir. Où cohabitent de vieilles tensions familiales un peu enfouies, la fatigue des uns et des autres qui ne s’exprime pas toujours comme on le voudrait, et où la promiscuité entre personnes qui ne se voient pas si souvent que ca peut parfois produire des résultats (d)étonnants. Entre ceux qui adorent avoir de la compagnie et ceux qui ont besoin de solitude, pas toujours simple de composer. Alors on essaie de faire en sorte que chacun s’y retrouve, ait ses espaces de libertés, et tout le monde sait que ce fragile équilibre ne durera qu’un temps. 


Je passe de belles fêtes. Et pourtant, je crois qu’au fond de moi, j’ai déjà hâte d’être au 6 janvier, et de reprendre une vie “normale”, avec des repères et des rituels rassurants, de passer à l’action et de retrouver mes habitudes. Vivement 2020 que je vois déjà comme riche et passionnante. 


D’ici la nouvelle année, je te fais de grosses bises et te dis à très vite!

V/

One thought on “No man’s land”

  1. Hello V/ !

    Oui oui oui, je vois parfaitement ce que tu décris !
    A partir du 26 tous les ans j’entre aussi dans ce no man’s land que tu décris, et son cortège de petits malaises et petites déprimes sans réel fondement. Pourtant j’ai comme toi une famille pas très grande et avec qui j’aime me réunir, mais c’est ainsi.

    Il se trouve que cette année c’était plutôt gai, et que même si j’ai pensé que le soufflet allait retomber, ça n’a pas été le cas. Je crois que la présence des enfants y a fait beaucoup, que chacun soit plutôt en forme aussi, mais également le fait que notre expérience des dernières années nous a donné des leçons : avec l’aide des “pièces rapportées” on a pris un peu les choses en main chacun à sa manière pour sortir des vieilles habitudes et lancer des choses un peu différentes (comme le “bal masqué” dont tu as eu les photos) qui ont bousculé gentiment les vieilles habitudes et recréé un équilibre où chacun a trouvé sa place. C’était drôle.

    La perspective d’aller en retraite juste après est effectivement chaque année une source d’apaisement. Cela fait 9 ans maintenant, et j’avais décidé cela justement parce que j’en avais assez de mal vivre la période de no man’s land, et que je pouvais faire autrement. J’avais déjà commencé à refuser les “nouvel an grosse fête entre potes”, à ne plus entreprendre de voyages contraignants ou coûteux pour quelques jours de fête obligée. Mais surtout j’ai pris conscience que j’avais surtout besoin à cette époque de me reposer le corps, la parole et l’esprit! Alors en retraite ça n’est jamais pareil, et puis je n’ai plus le même âge non plus, mais cette coupure à contre courant du mouvement général de fête et d’hyper-connexion me va toujours. Et puis il y a des gens de toutes sortes, des enfants, des vieux, des jeunes… Chaque année on fait le saut avec des personnes différentes.

    C’est un équilibre délicat les traditions familiales : ne pas en prendre soin amène vite la fin, en faire trop est rarement suivi de moments harmonieux… Mettre juste assez d’efforts pour pouvoir en profiter quand même est un curseur difficile à trouver.
    Peut-être que l’an prochain vous ferez comme quand vous étiez partis à New York et que vous passerez le no man’s land hors du bocal qui sait ?

    Je t’embrasse et te souhaite un bon retour dans la vraie vie.

    F/.

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