Dis donc V/,
J’ai l’impression d’être un triste sire.
Je vois toujours les améliorations possibles partout, je n’aime pas la course à l’effet wouhaou, je suis à l’aise avec la réalité plus qu’avec le storytelling, je suis rarement satisfaite d’un livrable ou d’une production dans l’absolu ni de ma part, ni de celle des autres (à part les vraies œuvres d’art…), j’admire rarement quelque chose ou quelqu’un, je n’ai pas beaucoup de références ou de modèles (je n’arrive jamais à répondre à cette question), je suis rarement profondément touchée par une production créative de mon entourage, j’ai du mal avec l’euphorie et l’excitation, j’ai du mal à être optimiste quand au sort de la planète, des animaux et des hommes finalement..
Je suis blasée tu crois ?
Pour autant je suis d’une nature plutôt gaie, me délecte de petites choses, je jubile devant un bon plat, je trouve que les initiatives personnelles ont une valeur folle, j’aime le processus de création même si je n’admire pas le produit, je trouve que les gens ont tous une part de folie, de puissance, de grandeur, je me sens minuscule face aux gens qui entreprennent de grandes choses, je peux pleurer et danser au son de musiciens immenses, frémir devant un tableau, me nourrir d’un bon texte, faire l’amour naturellement, je ris souvent, je sais que les bonnes surprises sont légion dans la vie et les relations, que la fête est dans chaque instant et l’aventure au coin de la rue, que l’amour existe, et que le bonheur est dans le pré, j’aime me battre pour ce(ux) en quoi je crois, défendre mes convictions, apprendre à la folie, être curieuse avec des curieux, échanger des idées, faire circuler faire circuler…
Je crois que je me trouve chiante et quand je me trouve chiante je dois être chiante. Faut que j’aille boire une bière au café du coin…
F/.
Salut F/!
A mon tour de répondre dans le désordre à tes bonbons, mais là, c’était vraiment tentant…
Je rentre de 5 jours de vacances dans l’Est de la France, et après 5 heures de train épuisantes avec mes deux enfants, les premiers mots que j’ai prononcés en arrivant à la maison étaient que le ménage était mal fait, et qu’il manquait la moitié des médicaments sur l’ordonnance que mon mari était allé récupérer chez la pédiatre… Autant te dire que la réponse (très agréable, tu l’imagines!) ne s’est pas faite attendre et que les retrouvailles ont été un peu plus froides que prévu!
J’ai parfois été qualifiée “d’éternelle insatisfaite”, et même si je râle et me plains régulièrement, je trouve que ce qualificatif ne me va pas très bien. Comme toi, je vois souvent ce qui pourrait être amélioré, là où le bât blesse, et c’est d’ailleurs une question que je me pose souvent d’un point de vue professionnel : est-ce qu’il existe des gens qui acceptent de payer pour ça, pour qu’on leur dire ce qui ne va pas, ou pas complètement? Moi je vois ça comme une opportunité d’être encore meilleure, de progresser, de mettre le bon niveau d’exigence, mais oui, le risque c’est de passer pour la rabat-joie de service!
Donc oui, c’est une excellente question que tu poses (pas si oui ou non tu es chiante, sinon je crois que ce n’est pas avec toi que j’aurais eu l’idée de créer ce blog!), mais plutôt celle de savoir si on peut à la fois se contenter des petites choses de la vie en les savourant, tout en mettant, toujours et partout, le niveau d’exigence permettant de faire du mieux possible. J’ai la prétention de te répondre que oui, bien sûr, et je pense même que c’est la clé du bonheur dans l’existence : voir les belles choses de la vie dans de petits instants, des rencontres, mais en allant par ailleurs au bout de ses capacités, en tentant de nouvelles manières de faire, en allant “au bout des choses”. Dans le livre de Pascal Demurger, Directeur Général de la MAIF, intitulé “L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus”, livre très juste et bien écrit que je viens de finir, il y a justement un paragraphe sur l’exigence. Pour l’auteur, l’exigence est une des clés de l’épanouissement en entreprise (et pour moi, dans la vie): le niveau d’exigence qu’on se fixe à soi, mais aussi aux autres, n’est finalement qu’une traduction de “voilà ce dont je suis / tu es capable”, et renforce ainsi directement la confiance en soi. Je crois très fort en ça!
Grosses bises et bonne journée dans l’Est (décidément, mauvais timing!).
V/.