Question de pouvoir

Hello V/,

Du soleil ! Voici un bon début de semaine, je travaille la fenêtre grande ouverte avec le chant des grillons et des oiseaux. Je boirais bien un thé avec toi dans le jardin pour ma pause de l’aprem 🙂

J’ai pensé à toi ce week-end et aucun sujet évident ne me venait à l’esprit pour ouvrir le papier de bonbon, jusqu’à ce midi : mon patron va être décoré de la légion d’honneur, et j’ai appris ce matin que je faisais partie des invités à la cérémonie. La première chose, c’est que cela m’a permis de me renseigner un peu sur la distinction , car j’en étais encore à l’ère de la légion d’honneur réservée aux illustres militaires… Je me coucherai moins bête ce soir.

Plus étonnant, à l’idée de l’événement dans les sphères du pouvoir politique et numérique, et malgré le côté sympa de l’invitation, j’ai eu une réaction “laborieuse”. Un côté un peu “je me force”. En partageant cela ce midi et quelques autres situations (sans lien direct) de mon quotidien de “Head Of”, j’ai eu un feed-back intéressant “c’est vrai que toi tu as du mal à assumer le pouvoir”. Très clairement il y a un sujet autour du pouvoir, mais qu’est-ce que j’ai du mal à assumer ?

C’est quoi les implications du pouvoir, ses représentations, ses dérives?

En regardant d’un peu plus près, je différencie vraiment pouvoir et leadership : je n’ai (plus) aucun problème à assumer d’embarquer les gens et de prendre une place de leader dans un groupe, un sujet, une situation. Je crois donc que ce qu’il y a en plus dans la notion de pouvoir c’est la notion de statut, de “droit”, de chef tamponné, qui sort pour moi du côté naturel et situationnel du leadership. Et le côté permanent aussi : on te le colle en entier et tout le temps dessus, vs tu le prends quand c’est nécessaire et indiqué. (Ah, déjà tu notes dans la tournure le côté subit vs choisi !). Je n’ai jamais été attirée, voire j’ai parfois été rebutée, par le statut et le pouvoir. D’une force faite de désintéressement et d’humilité, c’est devenu avec les années un genre de paresse et de confort, voire une petite lâcheté. Pour que finalement il y a 6 mois je réponde “oui” à la question “donc tu es d’accord pour vraiment prendre le rôle de Head Of et le costume qui va avec ?”.

Depuis, tout va mieux, mais pas encore complètement bien. Quelque chose continue de me gêner aux entournures avec ce pouvoir.Je n’ai pas de problèmes avec prendre des risques, décider, me tromper, ne pas tout savoir, ne pas tout comprendre, qu’on ne m’aime pas ou moins, qu’on me jalouse, qu’on me méprise, pas de complexe d’imposture non plus, pas de problème d’éthique jusque là…Peut être le côté prétentieux, corrompu, dur, abus de pouvoir… me fait peur mais alors libre à moi de ne pas en arriver là, non ? Peut être juste que je suis une femme (mauvaise blague suivie de nos derniers échanges) …

Alors, pouvoir or not pouvoir ? Thas is the question.

Je t’embrasse!

F/.

One thought on “Question de pouvoir”

  1. Hello F/ !

    Mille mercis pour ce petit bonbon tout à fait bienvenu en ce lundi soir, après une longue journée de conférences téléphoniques qui m’ont sucé toute mon énergie! Je me permets au passage de te dire que tu écris très bien, un bonheur de te lire (déjà que t’écouter, c’était pas mal, alors là, c’est le combo gagnant!). Vivement les futurs bonbons 🙂

    En plus, tu mets la barrière bien haut : le thème du pouvoir versus leadership, que je défriche lentement mais sûrement depuis plusieurs mois…

    Pour commencer, je me rends compte que je ne sais moi non plus pas grand chose de la légion d’honneur et de son attribution. En pensant à ce concept me viennent les idées de “gros monsieur avec une moustache”, “vétéran de la guerre de 39-45” ou “petit insigne rouge sur un costard dont on ne comprend pas bien ce que c’est”… Rien de très reluisant donc, et même si je sais que la décoration est prestigieuse, elle ne me procure pas vraiment l’effet waouh que certains pourraient espérer! Je crois surtout qu’au fond, les décorations, titres et diplômes accrochés au mur ne me parlent pas beaucoup, que finalement la question qui compte c’est : qui es-tu? que fais-tu? et comment traites-tu les autres?

    Dans ce contexte, je ne suis même pas très sûre de comprendre ce que veut dire “assumer son pouvoir” ? Assumer son ascendant sur les autres ? Assumer d’être dans une relation “plus / moins” vis-à-vis de certaines personnes? A mon sens, le mot même de “pouvoir” fait sortir un individu d’une relation d’égal à égal, “d’adulte à adulte” comme diraient certaines personnes que nous connaissons bien. Et le leadership alors dans tout ca? Est-ce que ca n’est finalement pas un peu la même chose? N’étant pas encore très avancée dans ces réflexions, je m’arrête pour le moment au fait que le mot de “pouvoir” me renvoie quelque chose de très statique, un ordre établi, un état de fait, quand celui de “leadership” fait davantage référence à un mouvement, un embarquement, une énergie fédératrice… et a donc une connotation bien plus positive à mon sens. Le pouvoir, on le subit parce qu’on ne peut pas vraiment lui échapper. Le leadership, on décide d’y adhérer ou de prendre une autre route.

    La conclusion de tout ca je crois, c’est que le seul type de pouvoir qui m’intéresse, c’est le pouvoir de changer les choses qui frustrent, qui rendent malheureux, pour soi et pour les autres … N’oublions pas que la première définition du mot “pouvoir”, c’est “Avoir la faculté de, être en état de” ! Guerrière un jour, guerrière toujours?

    Bises et bonne fin de journée au soleil tourangeau!

    V/.

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