Ma goutte d’eau dans la mer

Salut V/,


Temps radieux, printemps frémissant, et pourtant…

– Aujourd’hui la Russie envahit l’Ukraine, la famille et les amis de mon amie sont passés d’une vie comme nous à une vie suspendue. Du jour au lendemain. Et surtout la démocratie et la paix en Europe sont bafouées. Nous sommes à un tournant de l’humanité ?
– Aujourd’hui c’est la publication du rapport du GIEC, le volet impacts, adaptation et vulnérabilité. “Les mesures prises aujourd’hui façonneront l’adaptation de l’humanité et la réponse de la nature aux risques climatiques croissants”. Pas du tout du jour au lendemain. Insidieusement. Nous sommes à un tournant de l’humanité ?
– Aujourd’hui les mesures anti COVID sont allégées. On croit qu’on sort d’une pandémie mondiale qui a tout paralysé. Nous sommes à un tournant de l’humanité ?

Bien sûr que nous sommes à un tournant de l’humanité. Chacun de nos actes façonne l’avenir de l’humanité. Mais il y a des journées où on s’en rend compte plus que d’autres.

Je fais des dons, des souhaits, des relais, de petits actes, je fais tout ce que je peux faire dans cette journée pour mettre ma goutte d’eau dans la mer. Pour contribuer à ce que la trajectoire soit la bonne.
Penser que c’est trop tard, se sentir impuissant, se dire qu’on n’en fait pas assez, en vouloir aux dirigeants, être triste, écoeurée… c’est le combustible qui doit permettre de rester mobilisé, mais cela n’a pas d’autre utilité.


Ce bonbon est mon allumette pour transformer mon petit bois et arrêter de ruminer.
Je sais que tu comprends!


J’espère que tu vas vas bien, et plus prosaïquement que tu as fais comme nous provision de soleil avant le retour à la grisaille !


Bises.


F/.

One thought on “Ma goutte d’eau dans la mer”

  1. Salut F/,

    Merci pour ce bonbon… Quelle drôle de période nous vivons. Je suis comme toi frappée depuis un moment déjà par toutes ces informations contradictoires qu’il nous faut digérer, les montagnes russes émotionnelles que nous encaissons à longueur de temps, et comme “personne ne sait” (pour faire référence à un bonbon précédent), souvent seul sans avoir à qui ni à quoi se raccrocher.

    La guerre en Ukraine me fait peur, profondément peur. Comme pour le changement climatique, je passe ma vie à être déchirée entre le fait de savoir, de me renseigner, et celui de conserver un peu de fraîcheur et de naïveté indispensables pour continuer à vivre au quotidien. Aujourd’hui par exemple, j’ai eu un penchant un peu trop prononcé pour le premier volet, et ai commencé à lire des articles sur la menace nucléaire suite aux dernières déclarations du président russe. Résultat : une nausée, une terreur profonde, un coeur qui bat la chamade… pas sûr que ca ait finalement apporté grand chose dans ma petite vie.

    La guerre, le changement climatique et toutes ces questions vertigineuses interrogent effectivement ce que tu abordes très justement : comment malgré tout continuer à avoir envie d’avancer ou d’agir ? Nous en parlions hier avec l’une de mes amies, qui constatait l’immobilisme résultant des débats stériles sur des sujets sur lesquels certains ont un avis, mais vis-à-vis desquels nous sommes finalement peu à pouvoir agir vraiment… Elle me disait qu’elle s’astreignait personnellement à “creuser son sillon, dès que c’était possible”, pour ne pas tomber dans une sinistrose paralysante. C’était aussi l’objet du discours de François Ruffin (dont je ne partage pas forcément toutes les idées, au demeurant), lorsqu’il a annoncé sa candidature aux futures législatives : “Les autres, d’adversaires, ceux du dehors, ils nous stimulent, nous galvanisent, on se prépare contre eux, on s’arme avec des tracts, des arguments, des actions. Mais le plus terrible des plus terribles ennemis, c’est le découragement, le découragement des nôtres, on s’enlise dedans, on s’englue, et le risque, le risque, c’est qu’il nous contamine, c’est qu’il nous ravale lentement, comme des sables mouvants. Voilà le plus terrible des plus terribles ennemis : notre découragement à nous, ce froid qui monte de l’intérieur, ce gel qui s’installe dans nos cœurs, la mort, la mort, la mort rigide, la mort cadavérique qui s’installe dans nos vies. A quoi bon ? A quoi bon encore se lever ? A quoi bon encore espérer ? A quoi bon lire, écrire, agir, discourir ? A quoi bon ?”

    Quant au covid… j’ai envie de croire que c’est la fin, que le printemps sera léger, et je ne peux pourtant m’empêcher d’en douter… Alors je me résigne à vivre au jour le jour et en me disant que déjà, si on peut profiter jusqu’à septembre, ca sera déjà (très) bien.

    Malgré tout cela, je t’envoie des bises et te souhaite une bonne soirée,

    V/.

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