Salut F/!
Quel bonheur que ce retour du soleil! Après toutes ces semaines de gris ou de pluie, tout le monde revit. On est partis en bord de mer profiter de la lumière et de la nature, quelle chance nous avons d’habiter ici…
Il y a quelques semaines, en lisant Libérez votre créativité, j’étais tombée sur un exercice ou l’auteure proposait d’écrire une phrase sur un papier et de l’accrocher à un endroit visible, pour la relire régulièrement: « Te considérer comme un objet précieux te rendra plus forte. » Je n’en avais pas bien compris l’intérêt.
Ce midi, j’avais imaginé que nous irions déjeuner dans une crêperie, un peu à l’écart sur le sentier côtier, avec une vue splendide sur l’océan. « Trop cher » a décrété mon mari. Après notre balade, nous sommes donc arrivés dans Pornic, bondée en cette journée ensoleillée. Toutes les crêperies et brasseries étant complètes, nous avons fini par déjeuner en terrasse d’une boulangerie, en bord de route, à avaler rapidement des sandwichs trop pleins de mayonnaise.
Le sujet n’est pas de se payer des bons restos. Le sujet n’est même pas une question de prix. On ne serait bien davantage considérés comme des objets précieux en apportant un bon pique nique que nous aurions mangé sur une nappe apportée pour l’occasion. Et ça s’applique à tous les domaines de la vie: la façon dont je décide de m’habiller, d’utiliser mon temps, les gens que je vois. Cette phrase m’ouvre des champs incroyables. Nos échanges et les whatsapp font bien évidemment partie de cette dimension de vie où je me considère comme un objet précieux !
Profite bien du Moulin ces dernières heures de week-end, je t’embrasse! V/
Salut V/ !
Ouh comme ton message me plaît et me donne envie de faire le ménage partout dans les petits recoins de mon existence quotidienne !
Ton récit est très drôle, je me rappelle de plein de petites anecdotes en couple en famille ou entre amis où la notion de “se considérer comme des objets précieux” est tellement différente d’une personne à l’autre que ça donne des situations cocasses. Tu as raison, rien à voir avec l’argent où le luxe. Bien plus avec le soin mis dans chaque chose.
Ce que je trouve jubilatoire dans cet état d’esprit, quand tu considères toi (et l’autre) comme un objet précieux c’est que tu arrives justement à vivre des moments luxueux avec peu de moyens matériels.
De la présence, de l’attention, un peu de préparation, de réflexion, de ralentissement, de connexion… Et tu vis des moments justes et profonds, ou juste agréables.
Finalement c’est presque revenir au normal, au basique, c’est plus une éthique du dévoilement ou du dépouillement qu’une pratique qui fait “ajouter quelques chose”. Épurer pour revenir à l’essentiel pour soi, pour l’autre, “parce qu’on le vaut bien” comme dirait l’autre.
Me considérer un peu plus comme un objet précieux en ce moment ce serait : ne pas me forcer à trop de vitesse ou de densité quand ça n’est pas vital, ne pas utiliser mes capacités à plein juste par principe, dire que je n’ai pas envie quand je n’ai pas envie sans l’expliquer, refuser de manger ce dont je n’ai pas envie, éviter dès que possible la compagnie des personnes à impact négatif sur mon humeur, me retirer de la société et suspendre le lien quand j’en ai besoin.
Toi je te considère comme un objet précieux quand par exemple : je prendre le temps d’acheter ton cadeau chez un commerçant loin de chez moi plutôt que sur Amazon, je refuse le paquet cadeau et je trouve quelques belles feuilles de magazine à recycler, j’écoute attentivement quand tu me parles, je réagis vite à tes propositions de dates de rendez-vous pour que tu puisses planifier ton temps, je t’accueilles comme tu es au moment où tu l’es, je réponds à tes bonbons (!!!!)
Le prix de cette phrase, au final, c’est le temps. Cela prend du temps et aussi de faire le choix de l’allouer ici plutôt qu’ailleurs.
Voilà pourquoi je te disais au début que cela me donne envie de refaire un peu de ménage dans mon emploi du temps quotidien, pour faire de la place à plus de soin.
Bises à la mayonnaise !
F/.