Salut F/,
Je n’avais pas forcément prévu d’écrire un bonbon en cette fin de semaine, et puis il y a eu cette première journée de rando en solitaire… la première de ma vie!
Toute la semaine, j’ai été habitée par cette petite appréhension, celle de partir à l’aventure, quand on se sait pas où on va, qu’on ne sait pas comment ca va se passer, quand on se demande aussi un peu pourquoi “on s’inflige ça”! Heureusement que je suis une battante un peu têtue, sinon je pense que le projet serait tombé à l’eau – je ne suis quand même pas en Alsace si souvent, alors autant profiter d’être chez moi, en Terre connue, non? Et puis le plaisir est arrivé, comme il arrive toujours dans ces cas: en laçant mes chaussures de rando, en préparant mon sac et en y glissant le topoguide, en commençant à repérer l’itinéraire, en découvrant la première balise de GR.
Il y a d’abord eu la phase où le corps se met en route, où les sensations physiques prennent le dessus, le souffle un peu court dans la première montée, les bretelles du sac à dos un peu humides par la sueur. A suivi la phase de réflexion profonde, les pensées se succédant, nombreuses, sur les sujets d’interrogation du moment.
Et puis est arrivée la phase pour laquelle j’aime tant la rando : le lâcher prise, l’esprit qui s’évade, une sorte d’état méditatif qui capte les sons et les odeurs autour de soi. Je me mets alors à chantonner, je trouve mon rythme, je suis bien.
C’est alors que la “vraie” rando commence, que j’ai envie d’aller au bout du monde et de ne jamais m’arrêter.
Il y a encore quelques semaines, je pleurais dans les bras de mon homme en lui disant que je n’en pouvais plus de me poser autant de questions, de “travailler sur moi”, d’avoir le sentiment que ce ne sera jamais fini. Et aujourd’hui, j’ai compris pourquoi je faisais tout ça : le plaisir de se connaître assez pour savoir ce dont on a besoin, ce qui nous remplit et nous équilibre, à un moment bien précis de sa vie, ça n’a vraiment pas de prix.
Grosses bises vosgiennes!
V/.
Hello V/ !
Merci pour cette randonnée virtuelle (pour moi!), j’aime imaginer les pensées, la fatigue et les réflexions qui glissent petit à petit de ta tête à la terre, et te laissent légère et dans le rythme. Comme une enveloppe qui tombe pour faire peau neuve!
Je partage, et me remontent des images et des sensations de cet état initial (pourquoi je m’inflige ça), quand je déneige le pont d’un bateau avant une régate, quand je plonge dans la piscine pour faire des longueurs de crawl, quand je suis toute seule au terminal de bus de Quito …
… comme final : tête vide, sensation d’être pleinement là, de pouvoir continuer indéfiniment, de ne plus avoir de limites ou d’appréhensions.
Quand je te lis, je vois aussi la différence entre “me forcer/me faire mal” parce que j’en ai vraiment besoin ou juste parce que ma conscience/croyance/culpabilité me le dicte. Et cela marche aussi pour la capacité à “lâcher/fuir” parce que c’est utile et constructif et pas parce que j’ai peur ou la flemme (elle te parle moins celle-ci je pense!).
Je ne sais pas en écrivant ça si ça te paraît confus ou évident… En tout cas pour moi ça ne l’a pas toujours été.
Oui je partage : parfois il est des recherches ou des errances laborieuses, pour arriver à une connaissance fine de ce qui te permet de rester à flot pour accomplir de grandes choses !
Et puis parfois, il faut arrêter de se regarder vivre et arrêter de chercher, il faut vivre sans se poser de question. S’animer. S’activer. Se mettre en marche. Marcher sans but. Marcher, nager, courir, pédaler…
« La vie, c’est du mouvement, c’est des soupirs » il paraît que c’est de Giono.
Bises et bonne suite de vacances!!
F/